[extrait de l'article à paraitre, Le boulanger, l’arrêt de bus et le bois de chauffage, écrit par Luc Vilan & Roland Vidal]      Avec une consommation de terres agricoles qui ne faiblit pratiquement pas[2], le rural périurbain représente un enjeu considérable pour la transition énergétique. Si l’habitat rural avait connu un fléchissement dans les années 1990, la tendance s’est inversée depuis puisque les trois quarts des « bassins de vie » sont ruraux[4][…]

[…] La stigmatisation incantatoire de l’étalement urbain par rapport aux vertus de la ville dense n’a donc pas eu l’efficacité que l’on pouvait espérer et l’attrait pour les espaces ouverts de la campagne oriente encore largement les choix résidentiels des Français. […] Il serait sans doute plus efficace de prendre en compte leurs aspirations et de proposer d’y répondre autrement, en mettant l’accent sur la fragilité de ces choix résidentiels vis-à-vis d’une crise énergétique prévisible qui risque de les affecter en tout premier lieu[6]

Le desserrement urbain de la France, une tendance lourde

À l’œuvre depuis plusieurs décennies, le desserrement urbain français s’inscrit dans un processus de transformation et de recomposition des territoires dont l’aspect démographique et spatial mérite une attention particulière. Sur les communes périurbaines que nous avons étudiées, on observe une accélération spectaculaire de la croissance démographique à partir du milieu des années 1970. […]. Si ce dynamisme démographique des villages sous influence métropolitaine a permis de maintenir le fonctionnement des équipements publics, et notamment scolaires, le passage à la retraite des générations d’accédant à la propriété des années 1975-1995 les impacte aujourd’hui lourdement[8]. […]

La construction de cette ville à la campagne s’est faite dans une recherche d’efficacité maximale de la mobilité au détriment de la proximité, accomplissement dans l’architecture domestique du cycle de déterritorialisation[12]. La logique est toujours la même : les terrains de bordures et de franges desservis directement par les voies départementales sont les plus recherchés car ils permettent une connexion efficace au réseau routier. Les fameux lotissements « en raquette » s’additionnent les uns aux autres comme autant d’unités opérationnelles sans autre lien entre-elles ni avec le village que la route qui les dessert.

Les effets de cette priorité donnée à la voiture sont multiples et bien connus : ruptures dans le paysage, banalisation des opérations architecturales conçues comme de simples produits immobiliers, absence de lien entre les nouvelles installations, trottoirs minuscules, absence d’espaces publics intermédiaires… et surtout surconsommation énergétique. […]. Cette rupture des relations organiques avec la morphologie villageoise a fait des nouveaux habitants des étrangers au village : ils sont résidents de la commune mais restent indifférents à la vie de la « cité ».

Vers une reterritorialisation

Vu sous l’angle de la transition énergétique, cet étalement de zones pavillonnaires en périphérie des bourgs et villages n’incite pas à l’optimisme. Si des solutions techniques existent […] elles ne suffiront pas à redonner à ces territoires l’urbanité qui leur manque. Or, et c’est l’hypothèse que nous soutenons ici, le meilleur vecteur d’une transition énergétique réussie sera certainement la reterritorialisation des projets, appuyés sur la mise en valeur des proximités plutôt que sur l’amélioration des mobilités.

Rapprocher les fonctions spatiales en favorisant les déplacements piétons, relocaliser les activités économiques présentielles, faire de chaque projet de construction l’enjeu d’une stratégie à long terme […] sont autant de manières de reconstruire du lien social et d’améliorer la performance énergétique des bassins de vie. Trois grandes catégories de fonctions sont en jeu : le commerce (le boulanger), les transports en commun (l’arrêt de bus), et les liens utilitaires, notamment énergétique, avec le monde agricole (le bois de chauffage). […]

Le boulanger 

[…] [paragraphe non repris, dans l'attente de la publication de l'ouvrage cité en référence]

L’arrêt de bus

[…] [paragraphe non repris , dans l'attente de la publication de l'ouvrage cité en référence]

Le bois de chauffage 

[…] [paragraphe non repris, dans l'attente de la publication de l'ouvrage cité en référence]

  Luc Vilan & Roland Vidal, extrait de l'article à paraitre dans l'ouvrage collectif :

Espace rural & projet spatial - volume 7, transition énergétique et ruralités contemporaines, Publications de l'Université de Saint-Etienne.

 Notes

[2] INSEE Première, 2014.

[4] Orfeuil et Soleyret, 2002

[6] La notion de « tiers espace » est ici utilisée dans le sens que lui donne Martin Vanier (2003). Voir également Datar, 2010.

[8] Bauer, Roux, 1976.

[10]Voir note 1.

[12]Le Corbusier, 1959 ; Mangin, 2004.

[14] Voir : PNR de la Haute Vallée de Chevreuse, 2010

[16]Le Corbusier définie la  « V7 voie alimentant tout au long la zone verte où sont les écoles et les sports », comme alternative piétonne à la « V3 réservée exclusivement aux circulation mécaniques ». Le Corbusier, 1959, p.46. Principes réinterprétés dans les nouveaux villages et les grands lotissements de première génération, et de manière embryonnaire dans les opérations plus réduites.

[18] Voir INSEE 2011, p2 et entretien des auteurs avec la boulangère de Freneuse (78840), 4000 hab., CC des Portes de l’Île de France

[20] Loi du 11 février 2005 sur « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » rendant obligatoire la réalisation d’un PAVE (Plan de mise en Accessibilité de la Voirie et des Espaces publics) pour toute les communes. Voir Certu, 2009.